Voilà une histoire vieille de plus de 30 ans. Mon père, a toujours été un amoureux de la nature et pas vraiment le genre de garder de souvenirs autres que des cailloux. Pourtant, pré-ado, il m’avait montré sa boîte au trésor, pleine de souvenirs, de vie.
Je me rappelle d’une image, des traces de pas sur la plage.
Le poème qui accompagnait cet démarche chantait l’illusion habitant nombreu.x.se.s cheminant.e.x.s ; celle d’imaginer qu’il y a une route avant même d’entamer le voyage.
L’image et les paroles ont trouvé demeure dans mon esprit.
Les pas.
Les vagues effaçant les traces.
L’appel au voyage malgré l’incertitude.
La certitude que nous sommes touxtes fini.e.s.
Le réconfort de sentir qu’après notre disparition, la vie, la nature continuent à éclore.
Tant de découvertes depuis mon émerveillement face aux mystères de la vie, contenus dans une boîte à carton !
Endormi des décennies durant, ce souvenir s’est réveillé en pleine matinée entre les montagnes des Préalpes suisses.
Á Bex.
Un jour dans mon jardin, j’ai vu une femme aérienne marcher avec tendresse, les pieds nus sur l’herbe. Les pas légers et méditatifs de J., ont fait jaillir en moi la chanson Cantares -célébrant le poème d’Antonio Machado, rencontré dans la boîte à trésor de mon père.
Soudainement, j’ai été entouré.e d’un voile noir, mes yeux ne voyant que ses pieds s’alternant et se reliant à toutes les pattes partageant ce monde avec nous.
Puis, son image disparue a laissée place aux échos de cette chanson dans mon corps. Ils ont arrêté le temps et m’ont ouvert un espace pour le mouvement.
Le cheminement.
L’équilibre recherché entre chaque pas.
Les pieds s’alternant à tâtons.
Avec respect.
Avec amour.
Tout cela m’a semblé juste ! C’était en 2019.
Depuis là, moi et la PàT avons entamé un périple humain, mais cela, c’est une autre histoire 😉
Toi qui marches, ce sont tes traces
qui font le chemin, rien d’autre
Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.
En marchant on fait le chemin
et lorsqu’on se retourne
on voit le sentier que jamais
on n’empruntera à nouveau.
Antonio Machado